Il y a plus de six millénaires, dans le nord-est de la France, des envahisseurs venus du Bassin parisien ont été capturés, torturés, mutilés. Une récente étude révèle qu'ils pourraient avoir été les victimes d'une macabre "célébration de victoire", l'une des plus anciennes connues en Europe.

Cimetière principal de l'ancienne capitale de l'Égypte antique, Memphis, Saqqarah est l'un des sites archéologiques les plus riches du pays. La vaste nécropole a été utilisée comme lieu d'inhumation pendant plus de 3 000 ans, depuis l'Ancien Empire jusqu'à l'époque gréco-romaine, accueillant les sépultures de dignitaires, scribes, prêtres… Parmi ces derniers, Ouserefrê, fils du premier souverain de la Ve dynastie, dont la tombe vient d'être identifiée derrière une fausse porte en granit rose. Une trouvaille décrite par le Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités sur Facebook le 18 avril 2025.

À Achenheim et Bergheim, près de Strasbourg, les fouilles ont mis au jour des scènes glaçantes. Dans des fosses datées entre 4300 et 4150 av. J.-C., les squelettes portaient la trace d'une violence extrême : os brisés, coups multiples, fractures intentionnelles… Or, des analyses chimiques menées sur 82 de ces individus suggèrent qu'ils n'ont pas été les victimes d'un simple massacre. Leurs résultats, publiés dans la revue Science Advances le 20 août 2025, suggèrent que leur exécution pourrait avoir été l'une des plus anciennes "célébrations de victoire" documentées en Europe préhistorique.

Énigme d'une mise à mort collective

Depuis leur mise au jour, les fosses intriguent. Les spécialistes y ont retrouvé des squelettes aux os fracassés, jetés pêle-mêle, avec des segments de bras gauche disposés sans le reste du corps. Certains portaient également des perforations, qui pourraient suggérer qu'ils ont été exposés publiquement sur une structure après avoir été frappés, torturés et mis à mort. Globalement, l'impression qui se dégage est celle d'une brutalité démesurée, qui dépasse le cadre habituel des batailles de l'époque, visant surtout la tête.

Les archéologues se demandaient si ces morts traduisaient une exécution de prisonniers, un sacrifice ou encore une vengeance communautaire. Alors pour y répondre, une équipe internationale a appliqué une méthode innovante : l'analyse isotopique des os et des dents ; qui permet de retracer l'alimentation, les déplacements et même l'origine géographique des personnes enterrées, ouvrant ainsi une fenêtre unique sur leur vie avant la mort.   Lire la suite

Journaliste rédactrice

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